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écrits compulsifs
17 février 2008

course poursuite

Cette journée est merveilleusement belle. Le soleil diffuse une lumière qui embellie le traditionnel  paysage dépouillé que l'hiver nous offre. Cela faisait des jours que je n'étais pas sorti, saleté de grippe, elle a failli me tuer. Ce mal qui m'empêchait d'avoir une quelconque activité et de profiter de ces quelques jours de vacance a enfin disparu.

J'ai envie de retrouver tout le monde au café afin de leur faire partager mes impressions sur ces derniers jours formidables. J'ai envie de faire la fête, de boire, de fumer, de danser et plus si affinité. En bref, des envies d'un samedi soir.

Il y a quelques jours je languissais dans l'ambiance ténébreuse de ma chambre. Me voilà de nouveau vivant, j'ai retrouvé mon intégralité et mon envie de vivre. Mon téléphone portable déchargé de sa batterie depuis le début de mon repos forcé a eu l'impertinence de  s'égarer dans le chaos de ma chambre. Je le cherche partout mais rien à faire, le coquin se cache bien. Cela me dérange, mais non,  rien ne doit perturber mes envies furieuses.

Je prends une douche, enfile ma combinaison de jeune homme parisien et me soumets au rituel brossage de dents. Un frisson envahie mon corps, un fracas retenti dans mon salon. Mais non, personne n'est sensé être ici, et ce bruit? Une fenêtre? Un vase? Un cri d'effroi, irréel, indéfinissable se fait entendre dans la seconde qui suit.

J'ai juste le temps de sortir de ma salle de bain pour voir une ombre passer devant moi. Un bruit de porte claquante fait écho à cette ambiance qui aurait blessé mortellement toute personne cardiaque.

Il me faut au moins 5 secondes pour reprendre mes esprits et pour me décider dans un élan de bravoure de partir à la chasse au voleur.

Avec encore la bouche pleine de dentifrice, me voilà en face de chez moi. Quelqu'un est bien en train de courir. Il m'est impossible de discerner un visage, je ne perçois qu'une silhouette  vêtue tout de noir. Quelle idée me passe par la tête pour que je me mette à lui courir après? Et une fois que je l'aurai rattrapé, qu'est-ce quel sort lui réserverai je? La violence est pour moi une discipline tout à fait étrangère. Mais voilà une bonne occasion de l'expérimenter.

Contre toutes mes attentes, me voilà donc en train de courir pieds nus dans la rue avec ma brosse à dent dans la main. Je cris de toute mes forces afin d'impressionner ce fugitif mais ces efforts sont vains. Rien à faire, le filou court toujours

Me voilà en train de courir depuis plusieurs minutes; je ne sens plus aucune fatigue, à croire que ma convalescence m'a donné une énergie surhumaine. Mais lui non plus n'a pas l'air de fléchir, je ne parviens pas à me rapprocher de lui, nos pas sont rythmés sur une cadence métronomique imperturbable. C'est incroyable, moi qui ne pensais pas courir 500 mètres sans mourir sur place me voilà avec des capacités physiques dépassant celles d'un marathonien.

Il m'entraine en plein champs. Je cours dans des chemins jonchés de pierres déchirants la peau de mes pieds. Je marche sur de la mousse tellement tendre qu'elle me donne l'impression de voler. J'escalade des montagnes, je traverse les océans à la nage avec le seul but de le rattraper.

Les saisons défilent. Je ne compte plus les jours. Je pense d'ailleurs ne jamais les avoir compter. Le temps n'est pas une de mes préoccupations. Une fois le bonhomme rattrapé, j'aurai tout le temps d'y penser. Je me prépare psychologiquement à la rencontre de cet homme. Je me l'imagine, déshumanisant son visage afin de légitimer un certain rixe entre nous deux.

Mes pieds ne sont plus un soucis, ils ont fini par disparaître. Cet handicap en moins me permet de me déplacer plus aisément. Je suis plus fort que lui, je le sens haletant comme un chien en plein soleil. Quelle lâcheté! Il n'ose même pas se retourner. L'être est habillé d'une longue veste noire. Sa tête est recouverte d'une capuche permettant de préserver son anonymat. A quelques centimètres de moi, il s'arrête enfin et se retourne,

Je n'en crois pas mes yeux, un visage de jeune femme me regarde fixement. Je me sens impuissant face à cette situation imprévisible. Cette femme, elle rayonne par la beauté de son visage. Une douceur extrême définie les traits de son visage. Cette beauté me pétrifie sur place. Impossible de parler, ni de bouger.  Elle me fixe, me faisant un léger sourire. Face à mon impassibilité, elle se retourne et continue sa course. Me voilà seul au milieu de nul part encore sous le choc de cette rencontre surréaliste.

 

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